jeudi 30 décembre 2010

Bye Bye Babylone

imagerepository.ashx.jpg On ne parle pas de la guerre du Liban. Déjà parce que c'est une histoire compliquée et que le public n'aime pas ce qui est compliqué. On aime les histoires avec un gentil gentil, glabre, beau et démocrate, et un méchant méchant, barbu, laid et tyrannique. Quand ça va plus loin que ça, on parle de politiquement correct et on réduit. On n'en parle pas, également, parce qu'il n'y a pas une histoire de la guerre du Liban. L'Histoire majuscule n'a pas été fixée, elle est encore en débats entre les belligérants. L'Histoire majuscule, ce n'est pas la vérité (au mieux une Vérité tout aussi majuscule), c'est la mémoire imposée, celle dans laquelle le gentil est beau et démocrate et le méchant laid et tyrannique.

Le livre de Lamia Ziadé ne vise pas à établir ce genre d'Histoire.

Cet ouvrage présente plusieurs avantages majeurs : il mesure 25,5 cm de haut pour 14,8 cm de large et 2,8 cm d'épaisseur. Sa couverture est en velin cartonné, ce qui rend sa tenue particulièrement agréable. Il pèse un poids suffisamment lourd sans pour autant provoquer de crampes après une heure de lecture. Ses pages sont agencées de manière extrêmement astucieuse de façon à ce que la première page qu'on lit soit également la première page du livre, et ainsi de suite jusqu'à la dernière. Sa lecture est donc extrêmement intuitive. Le livre est ponctué d'assez belles illustrations en aquarelle, qui permettent de rajouter des images sur les termes employés par l'auteure. Et le tout pour seulement 25 euros, c'est à dire seulement la moitié de la valeur de l'application "Papier toilette" sur IPhone (celle qui permet de dérouler un petit rouleau de papier toilette sur son écran). C'est dire si on ne se fout pas de votre gueule, ma bonne dame.

L'auteure jette dans son livre, presque de façon aléatoire, la guerre telle qu'elle l'a vécue. On trouve, certes, dans ses pages, de grands noms, mais qui semblent lointains, à l'image des abstractions à prétention humaine qu'ils désignent. C'est une petite histoire de la guerre du Liban, de 1975 à 1979 (parce que c'était trop dur d'écrire à partir de 80). Cette petite histoire nous désigne d'un même ton les bombardements, les assassinats, les massacres et les bonbons achetés à Spinney's. Ce n'est ni une leçon de morale, ni une leçon de mémoire. Ce n'est qu'un témoignage qu'on reçoit gratuitement, et qui ne cherche pas à trouver un gentil ou un méchant, dans une guerre où chaque combattant, chaque civil, est à la fois bourreau et victime. Ce n'est certainement pas un livre pour ceux qui cherchent à comprendre, ou pour ceux qui voudraient expliquer, mais un beau livre pour ceux qui cherchent à savoir.

C'est vraiment du bon boulot, madame Ziadé.

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