jeudi 30 décembre 2010

Pourquoi ne peut-on pas boire de Coca au Liban (et autres anecdotes du même acabit)

On ne peut (quasiment) pas boire de Cocnasser.jpga à Beyrouth. Je n'ai quant à moi croisé aucune bouteille de la noëlesque boisson rouge et noire qui fait frémir les bajoues et pourrir les dents des enfants du monde entier. En revanche, on peut, autant qu'on le souhaite, se gaver de canettes de Pepsi-Cola sans se sentir coupable. Venant d'un monde européano-africain grand consommateur de Coca, je me sentais - évidemment - très mal à l'aise dans ce monde violent qui est devenu le mien et où on ne peut même pas retrouver les plaisirs simples de la boisson de notre enfance (ainsi que les kilos qui vont avec) et qui, en plus, est recommandée par le dr Dukan dans sa version "Zéro", contrairement au Pepsi Max qui contient beaucoup plus d'Aspartam (c'est dire si le Coca est supérieur au Pepsi, car comme le dit le vieux dicton : "Le Coca, c'est la meilleure technique pour vous faire sortir Dukan").

Je me suis donc fortement interrogé, gratté les joues, mis les poings sur les hanches et ai cherché une explication logique à la présence quasi-hégémonique de la PepsiCo au Liban. La seule raison à peu près rationnelle tient à l'évènement qui a tenu à peu près le monde entier éveillé pendant la deuxième moitié du XXe siècle (je ne parle pas de la parution de Playboy, mais bel et bien de la Guerre Froide, bande de petits turlupins). En effet, vous n'êtes pas sans savoir que le nationalisme arabe a eu ses proximités avec le Grand Frère russe, et que celui-ci n'aimait pas trop qu'on importât des biens américains, symboles de l'affreuse colonisation culturelle. Adieu, donc, Coca-Cola, Twinkies, fromage en spray et Rick Astley. A la place de l'affreux géant venu de Géorgie (Krouchtchev ayant entre temps découvert le café turc), il fallut importer les boissons du gentil géant venu de Caroline du Nord, ce qui changeait la domination culturelle du tout au tout. Ce qui explique la présence du Pepsi à la place du Coca au Liban. Comme quoi, tout s'explique.

On m'a fait ma remarque sur ce blog (avec une délicatesse toute féminine) : les libanaises ont la réputation d'être des filles de petite vertu. Je ne me permettrais pas de juger de ce fait, et laisse des experts autrement plus compétents que moi donner leur avis sur la question. Néanmoins, une chose est sûre, c'est que Beyrouth est une grande ville de chirurgie esthétique. D'après ce qu'on m'en a dit, une femme sur quatre serait refaite, ce qui représente un ratio supérieur à celui des femmes françaises ne vivant pas au palais de l'Elysée.

La chirurgie esthétique, en plus de permettre d'avoir des grosses lèvres et des gros seins, a également une vertu psychologique, qu'un psychothérapeuthe ne renierait pas. Si j'ai bien compris, les femmes se refont (et le montrent) pour se sentir bien dans leur peau : elles investissent "en elles". Il faut donc qu'elles le montrent. C'est une conception particulière. J'en prends à témoin toutes mes lectrices qui se sont fait opérer : vous vous êtes bien cachées pendant des semaines, prétextant des vacances surprises gagnées par hasard en ouvrant votre boîte de raviolis du jeudi soir ? Ici, outre qu'il n'y a pas de raviolis, les femmes ne le font pas.

Fierté mal placée ou coquetterie extrême ? On montre ses cicatrices comme sa nouvelle robe. Point sur lequel les occidentales n'ont rien à envier aux libanaises. Ca ne m'étonnerait pas qu'on puisse trouver quelque part une boutique de voiles islamiques Dior ou Chanel.

Comme vous le savez, le Liban a traversé divers affrontements. Il existe des moyens simples, sachant cela, de dater les bâtiments. Si la façade de la maison à laquelle vous faites face est plane, et bien peinte, il est fort probable que l'immeuble soit neuf ou presque. En revanche, si vous pouvez y remarquer des petits trous aléatoirement disposés, ne pensez pas qu'il s'agisse là d'une fantaisie d'architecte, inspiré par le renouveau de son art au Bouthan et par l'esthétique "dentelle de pierre", voulant mêler les stucs arabes traditionnels et l'image du moucharabieh à une construction moderne. Non, non, ce ne sont que des impacts de balles.


Ci-dessus : Gamal Abd el Nasser ouvrant le marché du Pepsi en Egypte, ouvrant ainsi la voie au monde arabe.

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