jeudi 30 décembre 2010

Comment se faire des amis dans les transports en commun

Une des premières réflexions que je me suis fait vis à vis de Beyrouth est "Paie ta ville d'automobiliste". C'est rien de le dire : il n'y a tout bonnement aucun système de transports en commun. Voitures partout, code de la route nulle part : manifestement les panneaux sont des éléments de décoration.

Pour se déplacer, il faut donc prendre le taxi. "Taxi" étant un terme générique permettant de soutirer au touriste ignorant quelques livres supplémentaires. Je m'explique : le touriste ignorant est, comme on le sait, une créature pétrie d'innocence et de bonne volonté, qui manque désespéremment de sens des affaires. Vous pourrez noter que cette description s'applique également parfaitement à l'étudiant fraîchement débarqué. Le touriste ignorant ou l'étudiant fraîchement débarqués ont tous les deux, en arrivant à Beyrouth, la même pensée : "Paie ta ville d'automobiliste". N'étant pas automobilistes, ils doivent donc prendre un taxi. C'est là que la machinerie démoniaque mise en place par des générations de taximen beyroutis se met en place.

Il faut savoir que les taxis de Beyrouth pratiquent deux types de tarifs. Le premier se met en place quand le client demande un "taxi". Il paiera alors 10 000 livres libanaises (environs 5 euros) pour aller d'un point à un autre. Il aura le privilège de monter seul dans le véhicule et d'écouter Feyrouz. Le second tarif se met en place quand le client demande un "service". Il paiera alors 2 000 livres (soit 1 euro) pour aller du même point au même autre, n'écoutera pas Feyrouz, et devra s'accomoder de la présence d'autres clients que le chauffeur hélera de coups de klaxon incessants (à mon avis, les automobilistes beyroutis pratiquent une forme avancée de morse, basée uniquement sur des coups de klaxon).

Ce tarif peut lui-même varier selon la tête du client. En effet, si le client demande le tarif, celui-ci ira facilement jusqu'à 4 000, 5 000, voire 10 000 livres pour un "service", selon que le client a l'air plus ou moins niais. Le client averti à l'air niais aura alors beau jeu de dire au chauffeur ce qu'il pense de son tarif, celui-ci baissant alors immédiatement à 2 000 livres. En revanche, le client averti à l'air niais aura droit à voyager aux côtés d'un chauffeur passablement énervé de s'être trompé sur la tête du client.

Autant dire que si vous avez l'air con à Beyrouth, vous ne vous ferez pas beaucoup d'amis chez les chauffeurs de taxi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire