jeudi 30 décembre 2010

Ode à une perceuse qui m'éveilla un doux matin d'automne

Panneau-dormir.pngAh, les samedis. Quelle joie de dormir jusqu'à pas d'heure en sachant que rien, ni travail, ni université, ni guerre civile, ne viendra vous déranger... Quel bonheur de rester à se remettre de la soirée de la semaine en écoutant le doux bourdonnement du bourdon joyeux qui vous ravit l'oreille de son "Bzzz" harmonieux.... De son "BZZZ" dérangeant... De son "BZZZZ" carrément emmerdant...

Furieux, rageur, haineux, je m'extrais de mes draps empêtrés. Qui peut être le cuistre qui joue de la perceuse à cette heure-ci ? Quelle heure est-il, au fait ? Un coup d'oeil au réveil chinois confirme mes pires craintes : il est sept heures trente. Ma grasse matinée vient d'être réduite à l'état de doux rêve par la faute d'un salaud d'insomniaque armé d'une perceuse. J'enrage.

La semaine dernière, c'était le fou du septième qui jouait du marteau à la même heure (en essayant très certainement de creuser un trou dans le sol, vu son acharnement à frapper sur le sol comme un sourd). La semaine précédente, les travaux de découpe de la rue d'à côté qui se relançaient à une heure où tout être décent devrait encore porter pantoufles et tasse de café. Le samedi n'a rien de sacré, dans ce pays sauvage, ou quoi ?

La première rage passée, j'empoigne le projectile le plus proche (un livre sur la psychologie de masse du fascisme, ironie du sort) et ouvre ma fenêtre avec la ferme intention d'assommer le malandrin d'un tir précis et colérique. A peine la fenêtre ouverte, je me prends une deuxième vague d'ondes sonores qui me laisse, hagard, sur le carreau : c'est le père Jean-Robert, responsable de l'église du coin, qui met en application sa politique de lutte contre l'islamisation de Furn el-Chebbak en faisant résonner ses cloches synthétiques à toutes berzingues, en suivant la politique bien connue : "Mes cloches sont plus grosses que ton minaret". Il se met ensuite à beugler son couplet dans son micro avec effet "Seconde Guerre Mondiale" (les parasites sont gratuits).

Je suis vaincu par KO. Les efforts combinés du perceur à bretelles, du curé Jean-Robert et maintenant de toute la rue (je tiens à préciser que ma fenêtre donne sur une petite ruelle qui doit connaître un trafic d'environs une voiture/demi-heure, sauf entre sept heures et dix heures, le week end, où l'afflux de voitures est d'à peu près deux cent véhicules/minute.

Tremblant, haletant, je chancelle vers la cuisine. Je n'ai plus qu'à entamer ma journée de week end, toute pensée de grasse matinée définitivement enterrée...

PS : Même si cet article est assez futile, il révèle malgré lui une chose qui me pose réellement problème. Les ouvriers qui refont la rue près de chez moi travaillent non-stop, du matin à tard dans la nuit. Rentrant d'une soirée il y a deux semaines, j'ai pu en voir travailler à deux heures du matin. Sans protections contre le bruit, ni contre les accidents, évidemment...

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