jeudi 30 décembre 2010

Le paradis de la rhinoplastie et autres divagations du même cru.

lenez3-big-300.jpg Il est temps de faire tomber un mythe : non, les libanaises ne sont pas des barbies refaites de partout qui courent les boutiques de luxe toujours en quête d'un mâle hagard à séduire. Elles prennent soin d'elles, c'est différent. On croise régulièrement à l'USJ (panel représentatif de la catégorie la mieux lotie de Beyrouth) de jeunes filles (et parfois hommes) arborant plus ou moins fièrement un sparadrap sur le nez.

Je me suis interrogé discrètement sur les moeurs de ces gens : sont-ils membres de clubs de boxe ? Se battent-ils contre des SDF la nuit dans des caves ? Ont-ils des parents défendant une conception musclée de l'éducation ? Si je tire sur le nez, me restera t-il dans la main ? Part-il se promener quand son propriétaire dort, façon Gogol, pour revenir fatigué et ivre au petit matin se rattacher au visage embrumé de sommeil et énervé d'un étudiant sans nez, et qui le sparadraphie pour lui apprendre à bien (se) tenir ? Rien de tout cela, je le crains. L'explication est plus prosaïque : ils sont passés par la case rhinoplastie. C'est un sport national (entre une femme sur quatre et une femme sur trois au Liban y serait passée, d'après des sources que je ne citerai pas).

Outre la quantité des opérations, le rapport de l'opéré à son appendice récemment tuné est très différent de celui qu'ont les européens avec le même appendice. Quand en France une femme serait forcée de restée cloîtrée une semaine entière dans son appartement avec pour seule compagnie un chat et des corn-flakes, en attendant de pouvoir retirer l'infâme pansement faute de devoir passer une heure à expliquer aux policiers que son mari ne la bat pas recevoir des remarques désobligeantes, une jeune fille récemment opérée à Beyrouth ne cache pas son sparadrap. Mieux : elle le montre.

C'est, paraît-il, un comportement motivé par un certain rapport à l'argent et au physique. Il est de bon ton de montrer, comme on le ferait avec une belle voiture ou des vêtements de grande marque, que l'on a les moyens de s'offrir le nez de ses rêves. Et il est bien vu d' "investir" dans son corps. C'est également pour ça que les femmes libanaises ont la réputation d'être accros aux soldes coquettes : mettre en valeur son corps est central. Je ne me prononcerai pas sur la question car je ne les connais pas, mais c'est la seule explication qu'on m'ait fournie jusqu'ici.

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On est forts, en France, pour critiquer le communautarisme. Depuis deux mois que je suis ici, je commence à me dire que nous sommes hypocrites et que ce n'est qu'un réflexe humain totalement normal. Nous nous sommes installés dans un pays où la majorité de la population a des bases d'anglais ou de français, voire des deux, et qui parle en dehors de cela une langue relatiement simple à apprendre. De plus les libanais n'ont pas à ce qui me semble d'antipathie particulière à l'égard du peuple français.

Vous croyez que ça nous empêche de vivre entre nous, de colouer des appartements entre français, de ne discuter qu'avec des français, de manger "comme chez nous" (et de gueuler parce qu'on ne trouve ni baguettes ni jambon de pays dans les supermarchés) et de faire la fête entre français ? Nenni, mes bons ! Nous y cédons tous.

Tel que vous me lisez, je n'ai passé jusqu'ici qu'une soirée en dehors du groupe d'étudiants français à l'USJ. Et je l'ai passée avec... deux français. Et je ne vous parle pas des French Nights, Elysée Rooftop Nights et autres amusements organisés par des français pour une majorité de français. C'est un réflexe humain : dans un contexte inconnu, on se tourne vers ce qui nous ressemble, malheureusement. Mettez deux français dans le désert du Sahara au milieu d'un groupe de touaregs, attendez cinq minutes : ils seront à part du reste du groupe, à parler des grandeurs et misères de la SNCF, de la coupe du monde 98, de la bouffe "qui est meilleure chez nous", et... de ces salauds de communautaristes.

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Il règne au Liban une folie du sac plastique. Nous achetâmes, à notre installation, des assiètes pour ne plus manger par terre, dans le supermarché du coin. L'employé spécialisé dans le rangement des items dans les sacs plastiques (si, si) avait commencé à glisser les plats dans un grand sac plastique, quand il fut repris par son supérieur : il fallait ranger chaque assiète dans un sac différent, et les sacs dans un plus grand sac.

D'une manière générale, on croise des regards surpris, parfois moqueurs, quand on débarque au supermarché avec nos sacs en toile achetés dans une grande surface pour économiser du plastique. Il faut régulièrement expliquer que non, nous n'avons pas besoin des sacs en plastique du magasin, que nous avons les notres. De même, il faut insister pour que le sac ne soit pas rempli à moitié mais bel et bien jusqu'à ras bord. Ou décliner l'offre du gentil papetier du coin qui offrait un sac plastique pour transporter un stylo et un paquet de pâte à fixer.

C'est dans ces cas là qu'on s'aperçoit que la protection de l'environnement a encore du chemin à faire dans ce monde. Il ne s'agit pas pour moi de faire mon néocolonial en manque d'économie verte, mais d'un simple constat.

Vous me direz, ça fait des sacs poubelle pas cher.

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Je finis cet article par un petit tour d'horizon des blogs d'autres expatriés que j'ai eu l'occasion de visiter à mes heures perdues, et qui valent le détour :

- "Mes prouts à Beyrouth", tenu par Pierre, courageux accordéoniste barbu.

- "C'est Beyrouth ici !", organisé par Pierre (un autre), brave syndicaliste imbibé.

- "Une année au Liban", rédigé par Pauline, téméraire militante campiste.

Je publierai d'autres adresses de blogs à mesure que je les découvrirai.

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